Pour une mode “durable et désirable”

La mode est l’industrie la plus polluante, juste après celle du pétrole. En réaction, des acteurs s’engagent pour redonner son sens à la mode, afin qu’elle devienne écologique et socialement responsable.

De la nécessité de changer de mode

24 avril 2013, effondrement du Rana Plaza au Bangladesh. 1 100 morts. Cette tragédie marque un tournant, elle révèle pour la première fois de manière globale la triste réalité de l’impact de mondialisation sur l’industrie de la mode : salaires miséreux et conditions de travail déplorables. C’est de ce constat qu’une volonté de changement a mûrie. Des acteurs se sont engagés pour responsabiliser les grandes marques et des créateurs ont fondé des marques qui se revendiquent éthiques et écologiques.

La slowfashion : un besoin urgent de ralentir

A l’opposé de cette fast fashion, déplorable tant d’un point vue social qu’environnemental, il existe un mode de consommation responsable, c’est la slowfashion. Là où la fast fashion se cantonne à vendre le plus possible, la slowfashion invite à consommer moins, mais mieux. C’est-à-dire à prendre en considération les conditions de fabrication et l’impact environnemental du vêtement. Cela nécessite de payer un prix juste, celui qui rémunère le créateur qui fabrique ses pièces sans porter atteinte à l’environnement.

Découvrez la conférence inspirante « Changer de mode : comment passer à la slow-fashion ? ». Les échanges ont été animés par Catherine Dauriac, coordinatrice de Fashion Revolution France, avec :

  • Majdouline Sbai, sociologue de l’environnement et autrice du livre Une Mode éthique est-elle possible ?,
  • Nayla Ajaltouni du Collectif Ethique sur étiquette,
  • Samia Larouiche de Casa 93,
  • Marie Demaegt de la Confédération européenne du lin et du chanvre.

Le Cycle de la mode éthique a été marrainé par Caroline de Maigret, mannequin et ambassadrice Chanel : Retrouvez le mot d’introduction inspirant en duo avec Elisa Yavchitz des Canaux sur Facebook.

Fabriquer des jeans produits en France ou des baskets colorées dans une démarche de commerce éthique ?

La rencontre entre Thomas Huriez de 1083 et Vulfran de Richoufftz de Panafrica, nous a montré qu’il existe des marques qui intègrent des valeurs éco-responsables dans leur projet. Ces deux acteurs emblématiques de la mode éthique sont revenus sur les valeurs éthiques qui inspirent leurs projets et leurs stratégies de développement. Les échanges étaient modérés par Maeva Bessis de La Caserne, l’accélérateur de la transition écologique en Europe pour l’industrie de la mode.

Retrouvez l’intégralité de la discussion en replay sur Facebook et YouTube.

Réintégrer l’économie circulaire dans la mode

Comment traduire l’économie circulaire dans la mode ? Le premier levier consiste à utiliser les ressources à portée de main. Le coton est fabriqué à l’autre bout du monde et nécessite énormément de pesticides, il est donc pertinent de prendre en considération des matières plus locales. La France est le premier pays producteur de lin et le troisième de chanvre, or ce sont toutes les 2 des matières hautement résistantes possédant de nombreuses propriétés intéressantes.

Une autre possibilité consiste à partir de matières premières usagées. C’est l’objet de l’upcycling. Les créateurs vestimentaires de l’upcycling partent de la matière pour élaborer leurs conceptions. Fabriquer un haut avec un drap chiné chez Emmaüs, c’est un exemple d’upcycling. « Rien ne se perd, rien ne se créer, tout se transforme », le crédo scientifique de Lavoisier s’applique aussi au domaine de la mode.

Outre l’impact environnemental, l’économie circulaire apporte un bénéfice social. Nombre de créateurs qui ont intégré l’économie circulaire à leur mode de production font appel à des ateliers d’insertion pour faire produire leurs pièces. Plus généralement, travailler localement permet de conserver, voire de se réapproprier un savoir-faire, celui dont se revendique la Haute Couture française.

Et la mode reste la mode, même éthique, les créateurs ne font pas abstraction de créativité. Au contraire, l’upcycling confère à chaque pièce une singularité porteuse d’une histoire.

Concrétiser un projet de mode éthique et responsable

De l’idée jusqu’à la mise en œuvre, quelles sont les étapes-clefs pour concevoir une stratégie de développement viable, où s’associent rentabilité et engagement éthique ?

Face à un marché de la mode où la production industrielle prend le pas sur l’éthique, il existe des solutions pour structurer un projet de mode tout en respectant l’environnement. SloWeAre, label de la mode éco-responsable, a animé un atelier professionnel éclairant aux créateurs et marques de mode en cours de développement.

« Comment communiquer sur ma marque de mode éthique ? » est une question récurrente des marques de mode, à tous leurs stades de développement. L’atelier Marina Landina de Futuristas, en s’appuyant sur des exercices d’intelligence collective et de brainstorm, a donné les clefs pour construire une communication engagée et efficace.

L’économie circulaire dans la mode est porteuse de solutions et capable de s’adapter aux enjeux actuels. Le Projet Résilience, groupement de PME du textile, des entreprises d’insertion et des entreprises adaptées, a su structurer une filière textile locale et responsable lors de la crise, avec la production de masques en urgence. Découvrez l’intégralité des échanges animés par Noemie Staskiewicz, directrice d’exploitation des Canaux, sur Facebook.

On a besoin d’une économie régénératrice, d’une mode qui concilie économie, écologie et sens. Si le sujet vous interpelle, vous pouvez revoir la conférence sur la mode éthique ou bien consulter nos articles sur l’upcycling et la réintégration du local dans le cycle de l’industrie vestimentaire.