Académie pour tous #2 – Design urbain : Lire et écrire la ville

Comment le « design » peut aider à réinventer les modes de vi(ll)es ? Par Florent Orsoni, directeur du ville durable design lab à L’École de design Nantes Atlantique, coordinateur du programme Atlantic Youth Creative Hubs.

02 mai 2019

Pour la deuxième session de l’Académie pour Tous, nous accueillons, Florent Orsoni, directeur du ville durable design lab à l’École de Design de Nantes Atlantique, afin d’aborder la question du design au sein des villes.  

L’approche de design urbain propose une nouvelle écriture de la ville faite de réappropriations et de rencontres. Elle invite à un nouveau regard pour une ville à vivre. Comment le design peut aider à réinventer les modes de vi(ll)e ?

Retour sur cette deuxième session

La conception que nous avons des villes est façonnée par de grands récits qui construisent un imaginaire propre à chaque ville. De Nantes, ville culturelle de Jules Vernes à Dubaï, ville artificielle de la démesure sortie du désert, nous projetons des récits sur ces villes qui sont déterminantes dans leur identités. A l’heure actuelle, deux visions univoques des villes se font face. D’un côté, la ville comme smartcity, ou ville mondialisée et hyperconnectée. D’un autre côté, la ville vu sous l’angle de la collapsologie, en risque d’effondrement face à la pollution, à l’explosion démographique ou à la précarité économique.

Le rôle du design est alors de transformer les villes pour trouver un équilibre entre ces deux conceptions. L’étalement des villes, le besoin d’industrialisation pour accueillir une population grandissante, le coût des infrastructures sont tout autant d’enjeux auxquels le design doit répondre afin de rendre la ville navigable pour ceux et celles qui l’habitent.

Travailler une nouvelle lecture de la ville

Afin de réfléchir à de nouvelles manières d’interpréter la ville, il est nécessaire de changer d’échelle d’études. Une étude à petite échelle permet de se rendre compte des comportements des usagers. L’analyse des données, publiques et privés, collectées permet de dégager les tendances et analyser les villes en fonction.

La ville de Nantes, par exemple, teste un mobilier d’un nouveau genre. Le Bean Cloud, est un nuage multicolore dont la couleur change en fonction de la qualité de l’air. Surplombant un banc sur lequel les promeneurs pourront faire une pause, le Bean Cloud sert à récolter des données environnementales pour informer les usagers sur la nature de l’espace qu’ils habitent.

La ville de demain, se doit d’être une ville du quart d’heure, comme le mentionnait déjà Carlos Moreno lors de la première session, c’est-à-dire une ville où les six fonctions sociales : se nourrir, se soigner, s’éduquer, se loger, produire et s’épanouir se trouvent à moins d’un quart d’heure de chaque citoyen.  

Codifier l’espace urbain : écrire la ville

Le propre du design urbain est d’agir sur la ville dans le but d’améliorer la cohabitation entre différents types de mobilités et les divers espaces qui s’entrecroisent dans la ville. Intégrer l’introduction de nouveaux systèmes de transports, comme les deux roues en libre service, favoriser les déplacements entre trottoirs et rues étroites, le rôle du design est d’écrire de nouveaux codes et d’expérimenter tout en prenant en compte les enjeux économiques des villes, les préoccupations financières et le business model des lieux.

A l’aide du design thinking, une nouvelle écriture des villes est possible. C’est un processus en trois étapes: 

  • Contextualisation : découvrir et définir le projet c’est-à-dire une étude terrain et un prototypage
  • Conceptualisation : développer le projet
  • Construction : finalisation et livraison du projet  

Dans la ville du quart d’heure, l’usage des savoir locaux par la technique du circular design, soit l’économie circulaire appliquée au design, est aussi primordiale. La collaboration entre différents acteurs implantés localement sert également à maintenir l’identité local propre à chaque ville.

La ville, puits de potentialités

Le design grace à sa capacité à influer sur les mode de vie et d’utilisation de l’espace ouvre le champ des possibilités pour les villes. Il fait travailler les capacités d’émergence de la ville c’est à-dire de produire de l’imprévu avec des rétroactions positives ou négative, de coopération et d’autonomie au sein de la ville.  Avec l’émergence de nouveaux lieux de fabrication, de réappropriation de l’espace et de mise en réseaux des connaissances comme les tiers-lieux et fab-labs , la design poursuit sa dimension politique, au sens du grec du terme, au service de la cité. 

La prochaine session de l’Académie pour Tous aura lieu le 5 juin.

Interview de Gaetan Siew

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