Le Feedback des Canaux – Le design éco-conçu

Comment le designer interroge sa pratique pour éco-concevoir ? KATABA et la Coopérative MU présenteront leurs collaborations et leurs retours d'expérience à travers la présentation de leur nouvelle gamme de mobilier de bureau éco-conçue.

05 juin 2019

Ce mercredi 5 juin s’est tenue la deuxième édition du Feedback des Canaux, un  nouveau format événementiel à destination des entrepreneurs à impact : 1h30 pour échanger avec une structure d’accompagnement et une entreprise sociale autour d’un sujet concret. Un retour d’expérience précieux pour les porteurs et porteuses de projet présents !

Pour cette deuxième édition, c’est la Coopérative Mu et l’entreprise KATABA qui se sont prêtés au jeu. Le sujet abordé : Comment le designer interroge sa pratique pour éco-concevoir ?

La conférence était animée par Margot Pejaudier, associée et designeuse chez Mu, et Luc Monvoisin, fondateur de KATABA.

 

 

Coopérative Mu

L’agence d’éco-conception Mu est une SCOP qui allie l’analyse et la précision de l’ingénierie de l’environnement et l’approche intuitive et créative du design industriel. Ils accompagnent depuis plus de 9 ans :

– des startups et TPEs, telles que KATABA, afin de les aider à transformer leurs idées de produit en éco-produits innovants

– des grands groupes qui souhaitent intégrer l’environnement dans le processus de conception de leurs produits

– des écoles et collectivités pour les sensibiliser aux enjeux environnementaux.

 

KATABA

KATABA est une entreprise engagée, consacrée à la performance environnementale et sociale de l’ameublement et des objets de décoration.

KATABA est également accompagnée par les Canaux dans le cadre du Booster circulaire, un programme d’accompagnement dédié aux producteurs de mobilier et objets de décoration en économie circulaire.

 

Retour sur leur collaboration

KATABA et Mu se sont rencontrés en novembre 2017, et leur collaboration a été impulsée par leur volonté commune d’agir et de produire de façon éco-responsable.

La méthode d’éco-conception de Mu repose sur trois piliers :

  • Elle est multi-étapes : Toutes les étapes du cycle de vie du produit, depuis la production des matières premières jusqu’à l’élimination du produit en fin de vie, sont prises en compte.
  • Elle est systémique : Elle ne traite pas simplement le cycle de vie du produit mais également le cycle de vie afférent (système d’emballage, produits associés, services proposés…)
  • Elle est multi-critères : Les multiples impacts environnementaux générés par le produit sont pris en compte, l’objectif étant de travailler à réduire en priorité les critères les plus impactants. Plus d’une vingtaine de critères sont ainsi scannés, parmi lesquels le bilan carbone, le changement climatique ou encore l’écotoxicité des eaux douces.

Cette méthode doit également prendre en compte le service rendu : autrement dit, réduire les impacts environnementaux des produits tout en préservant ou en augmentant le niveau de service rendu du produit.

 

Exemple du bureau

Pour designer et produire un bureau éco-conçu, Mu et KATABA se sont interrogés sur les impacts environnementaux d’un bureau type, sur sa durée de vie moyenne et ses schémas classiques de recyclage.

Une fois les indicateurs ayant le plus d’impact déterminés, leur réduction et la reconception du bureau deviennent les objectifs principaux.

 

  • L’approche matière : la matière première est l’indicateur le plus impactant et est donc celui sur lequel se concentre le plus gros du travail. Mu et KATABA se sont tournés vers le bois, un matériau présentant peu d’impact en particulier lorsqu’il est issu de forêts gérées durablement. De plus, son travail ne nécessite que peu d’énergie.

 

  • Les approches conception & production : le parti a été pris de travailler exclusivement avec des essences locales, et de tout fabriquer en France. C’est un parti pris fort et assumé qui n’a pas que des avantages, notamment en termes de coûts,  mais l’éco conception c’est aussi concevoir de façon à ce que les meubles soient réalisés de la façon la plus simple possible, ce qui permet ainsi d’économiser son énergie en termes de conception et en termes de temps mental, physique et humain de fabrication.

 

  • L’approche durée de vie : la question qui se pose ici est de savoir comment faire techniquement pour que le bureau ait une durée de vie largement supérieure au bureau moyen, que ce soit en termes de fonctionnalité ou d’esthétique.

En ce qui concerne la conception, Luc Monvoisin nous donne des astuces qui permettent d’augmenter la durée de vie : par ex, beaucoup d’acteurs du mobilier réalisent leurs finitions avec du vernis PU qui, une fois abîmé, nécessite de reponcer l’intégralité du plateau. D’autres produits plus écologiques et qui n’émettent pas de composés organiques volatiles évitent cela en permettant de réaliser plus facilement des réparations. Une autre astuce consiste à rendre les pièces du bureau démontables, afin de pouvoir les repenser ou les réparer.

KATABA et Mu se sont également penchés sur les enjeux sociaux du projet. En 2009, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) a émis des lignes directrices sur l’analyse sociale du cycle de vie des produits, l’idée étant de ne pas se borner aux enjeux environnementaux mais aussi de s’interroger sur les impacts sociaux. Parmi ces impacts on retrouve notamment : le droit du travail, la santé et la sécurité, les droits humains ou encore la gouvernance.

Quelques pistes d’éco-socio-conception ont ainsi été mises en place par Mu et KATABA :

  • la traçabilité des matières premières
  • des pratiques exemplaires
  • l’adaptation des mobiliers aux besoins et usages
  • la limitation du poids et de la dimension des pièces
  • la facilitation de la manutention

 

Premiers résultats

Par rapport au bureau moyen, cette approche a permis une réduction des impacts environnementaux comprise entre 40 et 90% en fonction des indicateurs. Les réductions les plus significatives ont surtout concerné le changement climatique, la toxicité humaine et l’écotoxicité des eaux douces.

 

Le risque social potentiel a quant à lui été réduit jusqu’à 50% : en particulier en matière de droit du travail et de droits humains.

 

Echanges avec la salle

 

Question : Produisez-vous sur commande ?

Réponse : Oui. Quand on travaille sur du mobilier bois, avec les structures qui travaillent ces matières, elles ont des prix intéressants à partir d’une dizaine de pièces. Donc on n’est pas nécessairement obligé d’avoir des volumétries importantes et de générer des stocks.

 

Vous avez évoqué un projet sur le réemploi, comment cela fonctionnerait ?

Valdelia a un gisement substantiel d’anciens plateaux de bureau, un élément qui nous intéresse. On peut également récupérer d’anciennes glissières de tiroir, ce qui permet de réduire considérablement les impacts.

L’idée c’est de réussir à travailler dans une stratégie qui permette de faire du réemploi sans affecter la qualité perçue du produit.

 

Avez-vous des projets qui impliquent l’utilisation d’autres matières que le bois, comme la mousse par exemple, qui est un matériau assez polluant et qu’on ne sait pas recycler ?

En ce qui concerne le bureau, nous avons décidé de travailler avec la matière première qui nous paraissait la plus adaptée, à savoir le bois. En revanche, nous avons des projets autour du tissu et de la mousse mais pour l’instant on en est encore au tout début.

Tous les matériaux que nous avons utilisés dans la collection sont des matériaux dont on connaît les impacts.

 

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