Une mode durable et solidaire

Avec Marie France Loungsana de Résilience

Une mode durable, moins polluante et plus solidaire, c’est le défi de Résilience, premier réseau industriel français d’ateliers inclusifs. Des ateliers, au nombre de 16, qui emploient et forment des personnes en situation de handicap ou d’insertion professionnelle. Des « invisibles » qui ont confectionné les serviettes que les athlètes utiliseront pendant les compétitions des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP).

© Yann Arthus-Bertrand

Créée en 2020 en pleine épidémie de Covid pour répondre à l’urgence de la fabrication de masques, la société a élargi son champ d’action à l’ensemble des produits textiles : 4,5 millions de pièces ont été réalisées depuis 2020. Sans déroger à sa feuille de route : celle d’un bilan carbone réduit et d’un impact social, avec la formation et l’accompagnement de plus de 2 000 personnes sur le chemin de l’emploi. Comme Marie France Loungsana, mécanicienne en confection dans l’atelier de Roubaix (59), siège de l’entreprise. 

Fuyant, à 17 ans, un Laos déchiré par la guerre civile, la jeune fille a d’abord vécu à Paris avant de s’installer à Roubaix « car la vie y était moins chère ». Elle y travaille dans la manutention avant de rejoindre en 1979 Paris où elle se forme au métier de mécanicienne en confection. « Dans mon pays, je faisais un peu de couture mais j’ai appris seule le métier. » Quatre enfants, le décès de l’un d’entre eux, et un divorce plus tard, elle revient à Roubaix avec un objectif : que ses petits, dont elle assure seule la garde, fassent des études supérieures. Confection mais aussi nettoyage, cuisine : la vie de Marie France Loungsana va se décliner pendant des années sur un mode aussi laborieux que précaire : « le problème, c’était de faire garder les enfants pour travailler », se souvient celle qui a le sentiment d’avoir fait ce qu’il fallait : « Mon fils est responsable chez Cuisinella, une de mes filles est rédactrice scientifique pour un laboratoire, la deuxième attachée de direction. Je suis très fière d’eux. »

En mars 2022, à 65 ans, elle intègre l’atelier Résilience de Roubaix. « J’aime bien y travailler. » Un parcours d’insertion CDDI qui lui permettra de partir à la retraite en douceur en 2026 : « Alors, je pourrais garder mes petits-enfants ! » Avant, il y a les Jeux : « Je travaille sur certains produits des JOP depuis mai 2023. J’en suis fière : quand on les verra cet été, et on les verra partout, je pourrais dire que c’est moi qui les ai confectionnés ! »

Sustainable and inclusive fashion

Sustainable fashion, with less pollution and more solidarity, is the challenge set by Résilience, France’s leading industrial network of inclusive workshops. They have 16 workshops employing and training people with disabilities or in need of professional integration. These « invisibles » have made the towels that athletes will use during the Olympic and Paralympic Games (JOP) competitions.

Created in 2020 in the midst of the Covid epidemic to respond to the urgent need to manufacture masks, the company has broadened its scope to include all textile products: 4.5 million pieces have been made since 2020. And it has not wavered from its roadmap: that of a reduced carbon footprint and social impact, with the training and support of over 2,000 people on the road to employment. Like Marie France Loungsana, a garment mechanic at the company’s Roubaix (59) headquarters.

Fleeing civil war-torn Laos at the age of 17, she first lived in Paris before moving to Roubaix « because life was cheaper ». There, she worked in materials handling before moving to Paris in 1979, where she trained as a garment mechanic. « Back home, I used to do a bit of sewing, but I learned the trade on my own.” Four children, the death of one of them, and a divorce later, she returned to Roubaix with one goal in mind: to ensure that her children, whom she looks after alone, go on to higher education. For years, Marie France Loungsana’s life was as laborious as it was precarious: « The problem was finding someone to look after the children so I could work, » recalls the woman who feels she did the right thing: « My son is a manager at Cuisinella, one of my daughters is a scientific writer for a laboratory, and the second is an executive assistant. I’m very proud of them.”

In March 2022, at the age of 65, she joined the Résilience workshop in Roubaix. « I like working there.” A CDDI integration course that will enable her to retire smoothly in 2026: « Then I’ll be able to look after my grandchildren! » Before that, there are the Games: « I’ve been working on certain products for the Olympic Games since May 2023. I’m proud of them: when we see them this summer, and we’ll see them everywhere, I’ll be able to say that it was I who made them! »