3 questions à Yvonne Neckenig Bramon

Yvonne Neckenig Bramon, cheffe de projet développement de l’emploi et RSE à la Société du Grand Paris (SGP)

Maître d’ouvrage public de la conception, du financement et de la réalisation du Grand Paris Express, à savoir le plus grand projet urbain et économique d’Europe, la Société du Grand Paris (SGP) fait du temps de ses chantiers, un temps d’utilité sociale et territoriale. Retour sur la politique d’achats responsables de la SGP, au travers notamment de plusieurs marchés exemplaires et emblématiques de sa stratégie responsable.

Quels sont les axes de la stratégie RSE concernant votre politique d’achat, notamment au regard de la spécificité du projet du Grand Paris Express ?

Avec 36 Md€ d’investissements publics et privés, le Grand Paris Express est un moteur de la relance économique et de soutien aux entreprises et notamment les TPE-PME, dans toute la France et tous secteurs confondus, avec une attention particulière portée à l’insertion et à l’emploi local.

La commande publique est en ce sens l’un des piliers de la politique RSE de la Société du Grand Paris. Cet engagement se traduit par l’introduction dans ses marchés des clauses de responsabilité sociale au bénéfice de l’insertion durable, de l’accès aux TPE-PME et à l’ESS, de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences nécessaires à la réalisation du GPE et de l’innovation sociale et territoriale (entreprises et territoires sont incités à expérimenter des projets locaux permettant de développer l’emploi et les activités économiques autour des chantiers).

Comment se met en place votre stratégie, notamment la coordination entre les différents acteurs concernés ?

Au-delà d’un projet de transport, le Grand Paris Express participe à la construction de la métropole de demain. Avec un réseau de 200 km et 68 nouveaux quartiers de gare, il joue un rôle essentiel dans la préfiguration des usages du territoire. En ce sens, son but est de faire des villes plus mobiles, plus inclusives, plus solidaires et plus respectueuses de l’environnement.

L’ancrage local durant le temps du projet est donc primordial et favorise les interactions entre les entreprises et les ressources des territoires, propices à une dynamique d’innovation urbaine, sociale et culturelle dans le Grand Paris. Aussi, la Société du Grand Paris conventionne avec les Territoires de la métropole et avec la MGP au titre du développement de l’emploi, de l’économie sociale et de l’économie circulaire. Des guichets territoriaux sont mis en place, animés par un.e référent.e facilitateur/trice unique qui coordonne les acteurs sur son territoire et qui assure l’intermédiaire entre les publics demandeurs d’emploi et les TPE-PME / ESS d’une part et les entreprises titulaires de nos marchés d’autre part. Ils ont vocation à s’articuler avec d’autres dispositifs déployés par la Société du Grand Paris, tels que la promotion du projet et des métiers auprès des jeunes publics, la Fabrique du métro et les sites relais du GPE, les appels à projet de ses programmes innovation et culture et création.

Quel rôle joue le portage politique, très important à l’échelle d’un tel projet, et quels sont vos premiers résultats ?  

Entreprise publique d’Etat, la Société du Grand Paris a la particularité d’associer les collectivités d’Île-de-France dans sa gouvernance, faisant ainsi de son conseil de surveillance et de son comité stratégique des lieux de dialogue et d’échanges permanents avec les territoires : https://www.societedugrandparis.fr/sgp/identite-et-organisation

Au niveau local, d’autres instances partenariales de suivi du projet et de ses impacts existent. Aussi, les résultats en matière d’empreinte économique et sociale territoriale du Grand Paris Express sont partagés périodiquement. Concernant l’emploi, l’insertion, la formation et le développement économique, 13 conventions de partenariat ont déjà été signées avec les territoires (franciliens et hors Ile-de-France) et s’articulent autour de comités de pilotage, au cours desquels les élus des territoires concernés et les entreprises travaillant à la réalisation du Grand Paris Express peuvent échanger sur les résultats obtenus et les stratégies locales à mettre en place. La conséquence de ce suivi est que les acteurs se sont réellement appropriés les enjeux et les résultats sont là : près de 80% des personnes en insertion habitent le territoire sur lequel elles travaillent.

Quels sont les premiers résultats obtenus et quelles sont vos ambitions pour les prochaines années ?

2021 sera la première année où toutes les étapes de chantier du GPE se matérialisent.  La stratégie RSE mise en place est confortée par les résultats obtenus au sein des marchés de travaux lancés depuis 4 ans :  les 2 millions d’heures d’insertion ont été dépassés avec les premiers travaux de génie civil et de creusement d’une partie des tunnels et ont déjà bénéficié à plus de 2 300 personnes en parcours d’accompagnement vers l’emploi et la montée en compétences. Au total, ce sont aussi plus de 3 700 TPE-PME qui ont pu être mobilisées. Désormais, les marchés d’aménagement et d’équipement des gares, des ouvrages de service et du tunnel sont lancés pour accueillir les rames du futur métro d’ici 2030 et mobiliseront des emplois et des entreprises locaux autour de nouveaux corps de métier, avec une attention particulière portée à l’accès de l’ESS lorsque ce sera possible.

Un des enjeux à venir portera sur la transposition des premiers résultats aux marchés du secteur industriel et aux futurs contrats en conception-réalisation pour la réalisation des lignes 15 Est et 15 Ouest, avec une attention spécifique sur le partenariat local.

Pour l’heure, à côté de la démarche qui a fait ses preuves sur les marchés de travaux, nous expérimentons la mise en place de clauses d’accès à l’ESS dans certains marchés de prestations de communication externe et de formation en interne, avec un sourcing appuyé sur les réseaux de l’ESS, de l’insertion et du handicap.

Et dans les années à venir, au titre des missions de la Société du Grand Paris d’aménageur des quartiers de gare, la RSE et l’ESS prendront toute leur place dans l’ancrage territorial du projet.